Lorsque j'étais matru...


        Lorsque j'étais matru, dans les années 1940 à Haute-Rivoire, mes parents pauvres paysans, parlaient français à leurs 7 enfants, mais le Dius (Claudius) et la Didine (Blandine), entre-eux se causaient toujours en patois. Lorsque j'allais au bourq (adon on disait comme ça), je croisais du monde qui n'était pas du pays, alors les taravouèriens s',interrogeaient en patois: "kikoyé?" (qui c'est?).

        C'est le mot patois que j'ai le plus entendu pendant mon enfance. Il en était de même dans tous les Monts du Lyonnais.....et probablement ailleurs.

        Je me souviens aussi que pour les foires et les marchés, les paysans étaient assez d'accords ces jour-là, alors on entendait à tout bout de champ: "voua-voua!" (oui-oui!). Les monsus de la ville qui ne connaissaient pas le patois, croyaient que les "voua-voua" des paysans, c'était pour imiter les chiens.

        Notre patois est notre langue affective, il nous a été légué par nos parents et grands parents.Il s'est transmis de générations en générations, traduisant ce bon sens, cette sagesse prudente, qui collent aux gens de la terre, et cet humour, cette simplicité et des nuances intraduisibles. Le patois a été façonné par les êtres humains. Il permet d'écouter la voix de la terre, dans laquelle passe toute l'âme paysanne qui exprime ses vibrations et sa sensibilité. Notre patois a toujours rythmé la vie quotidienne, avec les soins à donner aux bêtes, aux cultures et aux gens. Depuis longtemps il a permis aux humbles de s'exprimer.

        Les intonations de notre patois, sont un écho qui vient de très très loin. Chaque génération y a apporté à sa façon, sa verve et sa truculence.

        Voilà bien pourquoi, il ne faut pas laisser petafiner notre patois francoprovençal.

        Patoisement vôtre: le Rémi Kiuzeni écrivain (Rémi Cuisinier)

Rémi Cuisinier, écrivain. 16 février 2003 http://francoprovencal.free.fr/


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