LO   CREUSEU

 

Bulletin N° 7 - Juin 05


Sommaire

Editorial

Documents

Pour les personnes inscrites à la Fête du Patois de Martigny
Histoire d'ina famiyi dous Monts dou Lyonnais, cinquieumo épisodo...
L’Agneau et le Loup
Textes littéraires en dialecte lyonnais – XVIe-XIXe siècle


Editorial

L’année avance, et nos activités aussi ! Bientôt une rencontre patoise à Saint-André-la-Côte, puis la préparation de la fête internationale à Martigny, et de nouvelles rencontres pour l’automne. Notre association s’étoffe peu à peu, et nous relançons les adhérents de 2004 qui n’ont pas renouvelé leur cotisation. Notre campagne auprès d’autres associations de la région commence à porter ses fruits, et nous aurons bientôt le plaisir de publier un bulletin d’information mutuelles concernant l’ensemble de la région. Si vous connaissez une association patoise (francoprovençale), quelle qu’elle soit, n’hésitez pas à en informer l’AFPL !

Nos activités :

Le vendredi 6 mai, nous avons présenté à deux (Claude Chambe et Claude Longre) le francoprovençal dans trois classes différentes de 5e au Collège de Soucieu-en-Jarrest. Nous avions préparé un dossier pour les élèves, qu’ils ont étudié quelques jours auparavant, et qui nous a permis de travailler de manière amusante et instructive, en comparant avec le latin. Nous avons joué aussi un petit sketch à deux, que les enfants ont pu décrypter, et nous leur avons appris la chanson de mai (« De bon madjïn, je me lèvarè ... »). Nous avons constaté à cette occasion que non seulement le francoprovençal, mais son souvenir lui-même se sont effacés de la mémoire de la jeune génération. Raison de plus pour lutter contre sa disparition !

Nous sommes prêts à recommencer cette expérience et à la faire partager. Ceux qui sont intéressés par nos « dossiers pédagogiques » peuvent nous les demander, nous les enverrons.

Le samedi 4 juin à Yzeron, nous nous sommes retrouvés une quinzaine à nous raconter nos histoires et à chanter nos chansons. Le Creuseu n’étant pas encore paru, nous avons annoncé la rencontre par voie de presse. Ceux qui n’ont pas pu être informés pourront se « rattraper » à la rencontre suivante :

Samedi 25 juin, à Saint-André-La Côte, à l’initiative de Joannès Reynard, rencontre patoise à 15h (dernière maison du village à droite en allant sur St-Martin-en-Haut). Venez nombreux !

Samedi 3 septembre après-midi, fête du patois à l’invitation de Mme le maire à la salle municipale de Châtelus (Loire). Nous donnerons les précisions d’ici là.


Documents

I) Pour les personnes inscrites à la Fête du Patois de Martigny

Nous adresserons un courrier personnel à tous les participants, en particulier pour ce qui concerne les versements. Mais dès maintenant, nous donnons deux rendez-vous :

1) lundi 4 juillet à 20h30 à la MJC de St-Martin : réunion préparatoire au voyage pour tous les participants. Si vous avez un empêchement, faites-vous représenter par un autre participant.

Préparation du programme musical pour le défilé et la prestation du dimanche.

Sélection d’un petit groupe de chanteurs qui s’engage à répéter plusieurs fois, selon un calendrier que nous établirons, avec direction et accompagnement musical, afin de réaliser une prestation impeccable.

Si le temps imparti (15 minutes) nous le permet, nous mettrons au point le sketch composé par Antoine Françon. Nous étudierons aussi la mise au point des costumes.

2) mardi 16 août à 20h, à la MJC de St-Martin, dernière réunion préparatoire au voyage.

II) Histoire d'ina famiyi dous Monts dou Lyonnais

5. cinquieumo épisodo...

Ina famiyi din lo Monts dou Lyonnais (suitchi)

Quand j’étji barji à Douarna, ou Jayou, o y ayeu lo vusin, lo Jean Bogni dou Parreu qu’ayeu na barjire que m’ayeu chapotô din lo zi ! O fô djire que l’éteu fran joya avoué in gran chapiô de payi et toujor ina joya roba ! L’éteu nèssoua à San-Gegni : so parin étjan Espagnols et lo pôre travayôe à la tjoula de Sintji-Fè et i l’ayan dû i fére de recommandations, parce que le ne se lèssôe pô approchi de pré ! et son chi n’éteu jamè loin ! d’ayeur, je ne l’è jamé revu. Mé j’ayi remarquô que l’amôe bien lez-olagnes. Et i jor ma tanta me dji : te ménaré le vache in champ à Couési (o y éteu intre la Jayoudjire et lo Pilon d’Yzeron) et apré, quand l’aran figni la balagna, le m’ayeu donô in- ura, te le raménaré à la Flachota pa le fére bère ; et lo prô de la Flachota se trovôe jugnan lo prô de Jean Bogni (intre lo Jayou et la Jayoudjire), songi bien que lo tin me durôe de radure me vaches et me chures. Ma tanta me dogni ina montra din i gosseu avoué na chaina, et me vetja modô tjiran Couési. J’amassi dez olagnes (o falleu i leu donô à mé de dji mètros in leu posant à bô !) et j’avizoyin la montra : lez uyes ne bougeôyan guére et le vaches ayant portant tro sè ! J’è boussô i pou la gran uyi et... le cassi ! eh bin, à miéjor, o chiôve in arrivant à la mèzon ! Ina montra que je tenô de ma môre, que la teneu de sa môre et... l’onquio vegni bin à mon secor : cela montra, l’éteu pô rin fran nova et o pô bin arrivô que le casse ?

Et pu, o n’i a bin pro pa ué !

Arrevère

Lo Piarrot Rouéro

III) L’Agneau et le Loup

L’Agneau et le Loup

Fable de Jean de la Fontaine et dou Piarre de vé la ville

Més t’esse fô, més t’esse lo métre
Ové ce que je vouoilli vos djire


Adonc, dins lo vépre d’in mécre dou mès d’août,
Ina pitchita gnela, qu’ayeut bien sè,
(l’ayeut trop miji de revoul)
Passove à travars la sévilo dou son pro
Et a vin bèra dins lo gord.
O fesse chô, lo bassoillove, l’éteut continte
Et l’aigua éteut bien clairzeute.
Tôt d’in coup, vetcha lo loup.
In grand sicoreu, tô sôleu,
Avoué de catoles su los chombes.
A l’éteut mô viri, mé mô viri.
A l’ayeut rin miji dopuis 2 jors.
A l’ayeut sintchi l’agnela.
« Djis donc, la milla, tô pô pou,
De bère mon aiga, de l’emmargailli,
De Garpissi mon harba ?
Je vouais t’in donô ina bouana, avouai mon bôto »
Qu’a djisit avouai dos zis tôt roges.
« Monsu, djisit la gnela,
Aviso bien, jo bè dins lo valin
Et jo ne poyo pôs emmargailli voutro aiga »
« Si, to la emmargailla
Pusque je to lo djis.
Et pis, vo no mamo pôs bien,
Te, lo bargi, lo baria, los fayes et los chins !
Et pis, jo n’ai pôs do timps à pardre »
Tôt din coup, ayi dono ina gnaquée
Y l’importe dins lo boué
Pa la migi, bien à la souta, dari ina barma
Sin mé s’imbarailli.

Pierre Grange

IV) Textes littéraires en dialecte lyonnais – XVIe-XIXe siècle

Et comme il est de tradition, nous livrons au lecteur un texte ancien, de l’époque où le francoprovençal était aussi la langue populaire de la ville et non pas un parler purement campagnard, comme il l’est devenu depuis deux siècles.

Il s’agit d’une chanson humoristique sur la première expérience aérostatique faite à Lyon, en 1784. Les frères Montgolfier viennent d’inventer le ballon aérostatique, et après quelques expériences à Annonay et à Paris, ils font une démonstration dans la plaine des Brotteaux (à l’emplacement de la colonnnade actuelle de l’église St-Pothin). Le poème comportant 12 strophes, nous en donnons ici la première partie, avec traduction.

1
Qu’ét-ai don cela marveilla
que raconte Revarchon ?
I no baille par novella
Qu’on dait vair’on biau balon.
Pilaustre et so camarade
Devont montau jusqu’u ciux.
Fau fêre na pormenade
Par vai de no propro z-iu.

2
Ze no bettont in dispensa,
Per alla jusqu’u Brotiau ;
Z’apercevons una pinsa
Qu’inflet comm’un godiviau
Mais, drê ore, la mâtina
Que tôt d’un coup s’acropi,
Avave, ma fion, la mina,
De volai resta iqui.

3
Quoque brave damiselles
Qui ayant de grou chignon
Attisiront de zavelles
Pa réveilli lo balon ;
A mesure que s’inflave
Et quitave lo traitiau,
Chacune d’elle bramave :
« Oh, visa, mare, qu’i es biau ! »

4
I sailli de sa coquille
Par s’inleva de noviau,
Mais, zu vayan, zarnombille,
Qu’i crevave din sa piau.
Pouai, apercevant le boille,
Qui l’ayant ravicolau,
Y se redraissi, lo drole
Et liù vin frizi lo nau.

1
Qu’est-ce donc que cette merveille
Que raconte Reverchon ?
Il nous donne comme nouvelle
Qu’on doit voir un beau ballon.
Pilâtre et ses camarades
Doivent monter jusqu’aux cieux.
Il faut faire une promenade
Pour voir de nos propres yeux.

2
Nous nous mettons en congé
Pour aller jusqu’aux Brotteaux ;
Nous apercevons une panse
Qui enfle comme un godiveau,
Mais, soudain, voilà que la mâtine
Qui tout d’un coup s’accroupit,
Avait, ma foir, l’air
De vouloir rester ici.

3
Quelques belles demoiselles
Qui avaient de gros chignons
Enflammèrent des poignées de paille
Pour réveiller le ballon ;
A mesure qu’il s’enflait
Et qu’il quittait les tréteaux,
Chacune d’elles s’exclamait :
« Oh, vois, mère, comme il est beau ! »

4
Il surgit de sa coquille
Pour s’élever de nouveau,
Mais nous voyions, jarnombille,
Qu’il crevait dans sa peau.
Puis, apercevant les jeunes filles
Qui l’avaient ravigoté,
Il se redressa, le drôle,
Et leur vint friser le nez.

(à seugre !)

Textes littéraires en dialecte lyonnais – XVIe-XIXe siècle – publiés par S. Escoffier et A.M. Vurpas – Editions du CNRS, 1981


... et n’oubliez pas, si vous le désirez, d’adhérer ou de faire adhérer à l’AFPL. Cotisation pour 2005 : 10 €.

siège : Mairie d'Yzeron - 69510 Yzeron
contact : Claude Longre
Tél. / 04 78 23 50 81
E-Mail : c.longre@laposte.net


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